L’art et la tapisserie murale, avec Dominique de Serres
Extrait de l’article par Bertrand Duplessis, Univers des Arts, 2009
Il y a eu, dans les années 1950-1960, un engouement du public pour la tapisserie murale, cette “part de rêve qu’on accroche au mur”, comme disait Jean Picart le Doux, un des rénovateurs de cet art, aux côtés de Gromaire et Lurçat. Ces grands artistes ont disparu et la renaissance de la tapisserie qu’ils avaient suscitée est un peu retombée. Il y a pourtant encore des artistes qui, sans déjà connaître la même reputation, se consacrent à l’art mural.
Tel est le cas de Dominique de Serres, “ancrée” en Bretagne, loin des rumeurs de la ville et près “de l’air marin”, cher à Joachim du Bellay. Son art s’exprime en basse lisse, telle qu’elle est pratiquée sur les métiers d’Aubusson. A nos questions, elle répond : “Lurçat a su établir dès 1946 un dialogue entre artistes cartonniers et maîtres lissiers. Ma démarche est du côté des lissiers ; je cherche des 'trouvailles' au niveau du tissage qui passent inaperçues aux yeux de l’amateur mais qui améliorent ma technique. Lurçat, Picart le Doux que vous citez, Dom Robert, fournissaient ce qu’on appelle un ‘carton’, c’est-à-dire le dessin à grandeur de la tapisserie, avec des indications pour le tissage et les couleurs. Il n’en est pas toujours ainsi. Pour ma part, les artistes avec lesquels je travaille me proposent des maquettes en couleur, de dimensions réduites. A moi de ‘traduire’ l’œuvre. C’est là qu’intervient ma part de création, d’inventivité”.